|
MENU |
|
|
Alors, Science Frontières, où vas-tu ? Je suis venu te voir parce qu'en ce monde la platitude règne. Et tu me proposerais une nouvelle grand-messe. Non, ce n'est pas possible, pas toi, tu oublies, tu es un rebelle, ton but est de faire penser nos concitoyens endormis. Tu ne vas pas leur proposer de remplacer une sieste par une autre. Tu sais, l'homme a une maladie endémique, la maladie du sommeil. Un peu comme les chats, dès qu'ils ont un coin chaud, ils s'y installent et roupillent. La seule différence est que l'homme ayant un cerveau très puissant, dès qu'il rencontre une idée confortable, il s'endort carrément dans sa tête. Il est très fort, ça ne se voit pas, tu croirais qu'il fonctionne normalement, il a vraiment l'air de remuer en tous sens, mais si tu écoutes bien tu verras qu'il ronfle, et pas qu'un peu, il parle même en dormant. Pour être franc, sans vouloir paraître paranoïaque, je suis convaincu que nous sommes envahis par les somnambules. Ce sont eux les vrais envahisseurs, la vraie conspiration qui menace le monde. David Vincent n'a rien compris.
Oui je suis jetable, complètement jetable, comme quand la nature m'a fait naître un beau soir et qu'elle m'a laissé seul avec mon désespoir ! N'en déplaise aux belles âmes, tout est jetable, pour la bonne raison que rien n'existe, sinon la prétention d'exister. Parole creuse ? Crois-moi mon ami, tu proposes la prudence, je préfère pour l'instant la sobriété. Le prudent est trop sûr de lui-même, sa prudence est son bâton d'aveugle, il finit par y croire, il se grise au simple toucher. Il se soûle de sa propre prudence. La sobriété au moins me fait douter. Mais rassure-toi, heureusement que Dieu a fait pousser les vignes et que Dyonisos nous a enseigné le vin. Car la vraie sobriété est celle qui se fatigue d'elle-même et boit pour oublier la grisaille de ses pas comptés un à un.
Non vraiment , je n'avais jamais cru aux vertus du saut à l'élastique, mais ça y est, je finis par y croire. Il faut absolument sauter. Ça dégage les sinus et les bronches, et c'est le seul remède au vertige.
Emmanuel Levinas, le grand philosophe juif récemment décédé, nous dit que la technologie arrache l'être humain aux lourdeurs du passé. S'enraciner dans le lieu, là n'est pas la destinée de l'homme. Il n'habite pas la terre, il habite l'espace. Seuls les pénitents impénitents et encagoulés croient qu'il est un affreux consommateur, les hommes libres savent qu'il est un puissant créateur. Je crois que la nature lui a fait un grand cadeau : il est le seul être qui a le droit de se casser la gueule; il aurait tort de ne pas en profiter. Sans cela il se cassera la gueule. Et les experts, les contre-experts et les contre-contre-experts n'y pourront rien. De toute façon, ils sont trop contents d'eux-mêmes !"